Genève, Rawdha Cammoun-Clavería, décembre 2020
La Région Suisse a entamé une réflexion autour du positionnement de l’AIIC vis-à-vis des plateformes d’interprétation commerciales. Une série de webinaires accessibles à l’AIIC monde avait été organisée au printemps 2020 au terme de laquelle un groupe de travail ad hoc a été créé autour du projet Jitsi, logiciel libre de visioconférence. Creuser cette solution alternative aux plateformes commerciales avait été proposée par Tomás Pereira Ginet-Jaquemet, pré-candidat AIIC France, invité du premier webinaire. Ce groupe de travail a rendu ses conclusions lors de notre réunion régionale du 3 octobre 2020 qui a été l’occasion d’animer un débat contradictoire et instructif sur cette question d’envergure. Pour éviter que le fruit de ce labeur ne s’évapore au fil du temps et pour permettre à toutes les Régions AIIC de tirer partie de ce travail et d’approfondir cette démarche collective sur la base d’une réflexion éclairée et structurée, le Bureau de la Région Suisse a compilé un dossier de presse qu’il souhaite mettre à la disposition de tou.te.s. En quelques lignes, voici un avant-goût de la lecture qui vous attend…
Dans son article intitulé « RSI: Se défendre face aux intermédiaires indésirables » [traduit en français par Aymeric de Poyen Bellisle] Maxwell Crisp, membre du groupe du travail ad hoc sur le projet Jitsi, nous livre une analyse pointilleuse et technique des dangers des plateformes commerciales en tant qu’intermédiaires et de celui d’opter pour la politique de l’autruche.
Guillaume Wehrlen, lui, s’inscrit en faux contre toute posture visant à inciter l’AIIC à développer son propre système de visioconférence et nous met en garde, par le bias d’un raisonnement structuré et argumenté, contre « Les dangers d’un double discours » (translated into English by Rebecca van Horck).
Toutefois, Clémence Amat et Marie Veyrat dans un article à quatre mains intitulé « Une plateforme par et pour les interprètes: s’engager sur le terrain des plate-formes pour tenir compte de l’évolution de la profession » [traduit en anglais par Alistair Clarke] considèrent que
l’heure est venue pour l’AIIC d’innover et de prendre les devants en développant la solution Jitsi de visioconférence.
Aymeric de Poyen Bellisle, aussi membre du groupe de travail ad hoc sur Jitsi, n’y va pas par quatre chemins. Dans son article intitulé « Appelons un chat un chat » [traduit en anglais par l’auteur et révisé par Maxwell Crisp] il pose les jalons indispensables qui doivent encadrer une telle entreprise – celle de développer notre propre plateforme – et nous alerte contre certains écueils à éviter, si d’aventure l’AIIC était disposée à s’engager sur cette voie.
Mais les autres Régions AIIC ne sont pas en reste ! Emmanuel Sombsthay, de la Région AIIC France a participé aux webinaires susmentionnés qui lui ont inspiré un article intitulé « ISD et IA: un danger pour notre profession ? » [traduit en anglais par l’auteur]; il nous invite à être méfiant vis-à-vis d’une intelligence artificielle « qui porte bien mal son nom » et argumente également en faveur d’une ré-appropriation de notre outil de travail.
Enfin, Michèle Homsi, de la Région AIIC pays arabes, nous donne à lire dans son article intitulé « Qui a peur du grand méchant loup ? Considérations disparates sur l’évolution de la profession d’interprète de conférence »
[traduit en anglais par Abdellah Regragui, Région Arabe] le raisonnement qui sous-tend sa conviction selon laquelle il est impératif que l’AIIC fasse preuve d’audace pour aider la profession à se ré-approprier son outil de travail car l’interprète, selon elle, incarne le contenu, sans lequel ces plateformes commerciales s’apparenteraient à « des coquilles vides ».
Un immense merci à tou.te.s les collègues précité.e.s, membres AIIC ou non, membres de la Région Suisse et au-delà pour leurs contributions inestimables qui apportent incontestablement une pierre majeure à cette édifice collectif . Preuve, s’il en faut, du potentiel dont regorge l’AIIC.
Puisse ce dossier de presse servir de point de départ pour alimenter une réflexion élargie, ouverte et constructive au sein de l’AIIC, notre Association à tou.te.s.